Saturday, October 20, 2018

Friday, September 07, 2018

Rapports humains et épreuves, réflexion de Clementia


Les épreuves on en a tous les jours, tout au long de la vie, ça n'est jamais fini, car c'est à travers les épreuves, les doutes, les douleurs, qu'on apprend les leçons de la vie et qu'on a des chances de modifier notre caractère, d'évoluer, dans (normalement) le but de devenir meilleur.
Ceux qui deviennent pires à la suite d'une épreuve rencontreront encore et toujours le même style d'épreuve jusqu'à ce qu'ils aient assimilé la leçon particulière que la vie devait leur apporter sur un trait de caractère ou une façon de réagir.
Nous avons tous des leçons à assimiler, encore et toujours, car nous sommes loin de ressembler (par exemple) à Bouddha ou d'autres êtres exemplaires.
Il arrive très souvent dans la vie que des gens nous blessent, que leur comportement nous étonne et nous fasse mal.
Mais avant de nous complaire dans notre petite douleur égoïste, il est alors bon de nous interroger - par exemple - sur ce que nous aurions dû dire ou faire (ou bien ne pas dire, ne pas faire), sur ce que nous n'avions pas remarqué au sujet de nous-même ou de cette personne, bref que nous nous interrogions sur l'enchaînement de circonstances qui ont conduit à la situation qui nous fait souffrir.
Et à ce moment-là, la leçon que la vie nous enseigne c'est qu'on a vraiment une part de responsabilité dans la situation triste dans laquelle on est, on a une grosse part de responsabilité sur le comportement de l'autre.
A ce moment-là, si on a l'humilité de reconnaître que c'est parce que nous avons fait souffrir l'autre qu'ensuite il nous fait souffrir par ricochet, reconnaître que le "bug" vient de nous, et si on accepte de ne pas faire de reproche à la personne qui nous a blessé car c'est nous qui avons provoqué la situation, on a une chance d'évoluer pour essayer de ne plus faire souffrir autrui.
Le hic dans (tous) les rapports humains, c'est qu'encore et toujours chacun ne pense en premier qu'à sa propre personne au lieu de penser à l'autre.
Et c'est pour ça que dans le monde il y a tant de souffrances, tant de couples qui se déchirent, et tant de guerres.

Clementia Garayt (14/05/2010) -

Thursday, June 28, 2018

A une fois...



« A une fois… »





« A une fois… ». Les dernières paroles que j’ai entendues de ma mère avant son départ solitaire vers l’au-delà furent cet au-revoir intemporel. Cela faisait quelques années qu’elle prenait ainsi congé lorsque nous repartions de chez elle, la laissant seule dans sa grande maison…
Pourquoi avait-elle pris l’habitude de clore nos visites par cette expression, que je n’ai jamais entendu prononcer par personne d’autre ?
Il est vrai que nos visites, et encore plus celles de mes enfants et petits-enfants, n’étaient que de trop courts et trop rares moments au regard de ses longues journées trop monotones où elle ne voyait personne, et où elle n’avait quasiment personne au téléphone. Même les contacts avec ses plus proches voisins étaient rares, comme dans un peu toutes les cités pavillonnaires modernes où chacun se replie dans son petit confort égoïste une fois terminées les journées de travail à la ville…

Dans cet « à une fois », il y avait certainement l’espoir de nous revoir très bientôt pour chasser sa solitude et apporter un peu d’occupation à ses interminables journées qui se ressemblaient de plus en plus par leur fadeur. C’était la routine quotidienne du lever, suivi de la toilette, puis du petit-déjeuner pris tout en lisant le journal qu’elle recouvrait de ses annotations et commentaires crayonnés avant de remplir la grille de mots croisés. Ensuite, selon la météo, sa journée prenait un sens différent.
Si le soleil était de la partie, elle pouvait sortir dans son grand jardin dont elle cultivait avec passion tous les légumes qui constituaient sa principale nourriture (elle était tout comme moi végétarienne, depuis près d’une cinquantaine d’années, par amour des animaux), ainsi que les fleurs innombrables (il lui était arrivé d’en recenser plus d’une centaine d’espèces florales dans le jardin au cours d’une année).
Que surviennent les fortes chaleurs d’été, et elle était malheureuse de devoir passer ses journées à l’ombre et la relative fraîcheur d’une maison aux volets clos : à ces moments-là elle ne pouvait travailler le jardin qu’aux premières heures de la matinée et procéder à l’heure quotidienne d’arrosage qu’en début de soirée… Comment occuper ses journées dans la pénombre durant la canicule, alors que sa vue avait tellement baissé à cause du diabète et de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (D.M.L.A.) ? C’était souvent à l’aide d’une loupe (en plus de ses lunettes) qu’elle lisait durant les longues heures de la nuit où le sommeil ne venait pas. C’était aussi aux heures de la nuit qu’elle rédigeait parfois ses impressions et souvenirs, sur des cahiers que je relis à présent pour renouer avec elle comme un dialogue avec l’au-delà où se repose désormais son âme…
Si les étés trop chauds pour travailler au jardin lui apportaient quand même les joies de la floraison de tant de belles fleurs et la belle croissance des légumes qu’elle surveillait avec la passion de l’amateur éclairé, c’est surtout la venue des jours froids avec l’arrivée de l’automne qui teintait son moral de grisaille, avant la longue période qu’elle nommait sa « déprime d’hiver » qui s’étirait jusqu’au retour des beaux jours de printemps.

L’impression de se sentir inutile, oubliée de tous dans un monde où elle ne servait plus à rien et où elle n’avait plus sa place, combien de fois nous en a-t-elle parlé !
Il faut reconnaître que, principalement pour les plus jeunes générations, c’était parfois pénible de l’entendre exprimer tant de négatif sur son moral, sur sa vue qui déclinait et son diabète, sur son manque d’occupations intéressantes, sur les longues journées sans personne à qui parler…Il était souvent difficile de trouver les mots pour lui remonter le moral, lui apporter des sujets positifs sur lesquels fixer son attention. Elle se faisait aussi beaucoup de soucis pour sa descendance, sur le monde d’aujourd’hui où les petits-enfants et arrière-petits-enfants auront à affronter tant de difficultés (la crise, le chômage, les conflits, les catastrophes écologiques, l’éducation qui « n’est plus ce qu’elle était », etc.).
Et donc, elle avait de moins en moins de visites pour la distraire d’un quotidien très monotone et qui ne lui apportait pas grande motivation…

« A une fois », cela voulait-il dire « à une autre fois », « à la prochaine fois » ?
Ou même plutôt, était-ce un « à bientôt, j’espère » que sa pudeur ou sa fierté l’empêchaient de formuler, lorsque nous n’avions pas convenu d’un rendez-vous précis pour des courses ou une visite au médecin ?
Ou bien, cela voulait-il dire « adieu, si nous ne nous revoyons plus, au cas où je pourrais enfin m’endormir de mon dernier sommeil… » ? En effet, cela faisait plus d’une dizaine d’années (si j’y réfléchis, depuis le décès de mon père, puis sa propre santé déclinant quand même au fil des ans) qu’elle nous rappelait de plus en plus souvent qu’elle ne se sentait plus aucune raison de vivre, hormis son jardin… Elle espérait s’endormir simplement un soir et « partir » pendant son sommeil. Elle ne voulait surtout pas décliner lentement entre maison de retraite et hôpitaux, loin de ses habitudes et de son jardin, et elle nous avait bien précisé que nous devrions nous opposer à ce que sa vie soit prolongée médicalement s’il lui arrivait quelque chose.

Ce jeudi-là, vingt-sept juin, elle était heureuse d’avoir pu faire avec moi ses courses en Allemagne, à une trentaine de kilomètres de son domicile, au supermarché de discount où elle aimait retrouver certaines de ses denrées préférées (notamment les Kaffeesahne – petites canettes de crème pour le café dont elle faisait à chaque fois la provision pour les deux à trois mois qui espaçaient nos expéditions en Allemagne).
Sur la route, alors que je conduisais, elle me parlait de sa vue qui était en bonne voie d’amélioration après l’injection de lutéine qui lui avait été faite trois semaines auparavant : depuis trois jours elle pouvait à nouveau lire tous les petits caractères d’imprimerie de son journal sans loupe ni lunettes, et appréciait ce progrès survenant après plusieurs semaines de grosse déprime.
Elle racontait aussi, comme souvent, beaucoup de ses souvenirs de jeunesse et de sa vie qui avait été bien remplie et occupée par du bénévolat au sein de nombreuses associations avant les années de solitude.
A l’aller, malgré un petit crachin intermittent, on voyait en ligne d’horizon la Forêt Noire où elle avait guidé maintes excursions en montagne pour des associations de marcheurs et de personnes âgées. Au retour, le temps était redevenu radieux, et tout le massif vosgien qu’elle avait tant parcouru depuis son enfance nous offrait un magnifique panorama. Rétrospectivement, je me dis que ses belles montagnes la saluaient ainsi de leur beauté au cours de ses dernières heures ici-bas…
L’ayant aidée à monter ses achats chez elle, je l’ai ensuite quittée car, l’après-midi n’étant pas trop avancé, elle envisageait une petite sieste avant ses émissions télévisées de début de soirée. Nous avions convenu que je la conduirais la semaine suivante à la poste et à l’hypermarché, mais sans en préciser le jour vu qu’elle venait de faire ses provisions.
C’est ainsi que, rejoignant ma voiture, j’entendis son ultime «A une fois... ».

Le lendemain, c’est sa voisine qui la trouva, dans la salle de bains où elle avait été terrassée par une crise cardiaque, trois semaines après son quatre-vingt-sixième anniversaire…







Thursday, April 12, 2018

Orage du petit matin, Haiku de Clementia


Orage du petit matin




Pluie, foudre et tonnerre
Nous ont réveillés ;
Pluies d’avril, été fertile.


13/04/2018

Thursday, January 11, 2018

A propos de l'écriture inclusive et autres fantaisies destinées à prétendument féminiser la langue française



Chers amis lecteurs et lectrices, vous qui me suivez sur mes blogs, et sur Facebook ou Twitter... Vous avez peut-être déjà constaté que je n’emploie pas (et n’emploierai jamais) les mots “auteure” ou “écrivaine”, de même que pour d’autres métiers qui selon moi doivent garder leur écriture originale, qui dans la langue française est du masculin... Et je n’utiliserai jamais la nouvelle foutaise à la mode, à savoir l’écriture inclusive. De même je ne partage ni ne relaie les publications (articles, statuts, citations) contenant ces deux façons d’écrire que j’assimile à des hérésies en matière d’écriture correcte de la langue française. En effet, je reste persuadée que les noms de métiers sont des termes “génériques”, qui englobent toutes les personnes exerçant la profession en question. Dès lors qu’ils n’ont pas depuis des siècles de forme féminine, pourquoi vouloir à tout prix en changer en ce vingt-et-unième siècle ? Comme si les femmes avaient besoin que l’on marque l’égalité entre les sexes (ah, pardon, il faut désormais dire “genres”... encore une autre foutaise) par une modification profonde de la grammaire et de l’orthographe françaises !... Toutes les muses, inspiratrices et autres égéries (à savoir : mères, amies, épouses, soeurs, maîtresses, etc.) qui depuis des siècles (et même des millénaires) ont soufflé l’inspiration à l’oreille des hommes dont elles étaient les compagnes plus ou moins officielles (rois, empereurs, présidents, artistes, inventeurs, etc.) pour leur donner des idées de façon aussi anonyme qu’efficace, avaient-elles besoin qu’on leur donne une illusoire égalité, alors même qu’elles savaient (et que nous savons aussi) que sans elles, le plus grand nombre de ces hommes (pour ne pas dire tous) n’auraient pas accompli le tiers du quart de la moitié de leurs oeuvres... J’imagine plutôt que la plupart d’entre elles ont apprécié cette façon de “diriger le monde” dans l’ombre, avec autant plus d’efficacité qu’elles n’étaient pas sous l’éclairage de la célébrité et des titres ou responsabilités. Pour en revenir aux noms de métiers, je regrette en fait qu’il n’existe pas, dans notre belle langue française, le genre “neutre” qui permettrait de ne pas avoir de différenciation entre masculin et féminin. Cela mettrait vraiment tout le monde sur un pied d’égalité. Ainsi les débats sur masculin vs. féminin ou sur l’écriture inclusive n’auraient plus lieu d’être, et le temps actuellement perdu en joutes stériles pourrait être utilisé pour faire progresser le monde sur d’autres sujets bien plus importants.



11/01/2018